Démentant la version officielle de l'armée française, le général Aussaresses raconte que Larbi Ben M'Hidi a été exécuté par pendaison, le 4 mars 1957.

D'après le général Aussaresses, Larbi Ben M'Hidi, chef du FLN à Alger, ne s'est pas suicidé dans sa cellule en 1957, contrairement à la thèse officielle présentée à l'époque par l'armée française. Cinquante ans après les faits, le général revient, dans un entretien paru dans Le Monde du mardi 6 mars, sur cet épisode controversé de la guerre d'Algérie. Il explique que Larbi Ben M'Hidi a été exécuté par pendaison, et non par balles, comme le croyaient les Algériens.
Celui que ses compatriotes présentent souvent comme le "Jean Moulin algérien", Larbi Ben M'Hidi, 34 ans, a été arrêté par les parachutistes à la mi-février 1957. Selon le général Aussaresses, il n'a pas été torturé mais a été traité avec égards par le général Bigeard, qui espérait le rallier à la France.
Faute de résultat, le général Bigeard se résout à abandonner son prisonnier au "commandant O", alias Paul Aussaresses.

La corde se casse

"Officiellement chargé de coordonner le travail des officiers de renseignements, de la police et de la justice pendant la bataille d'Alger, le 'commandant O' effectue sans états d'âme la sale besogne que le pouvoir politique, en métropole, laisse faire, voire ordonne, aux chefs militaires français à Alger", écrit Le Monde.
Aussaresses raconte au quotidien que Larbi Ben M'Hidi est emmené en jeep, dans la nuit du 3 au 4 mars 1957, vers la Mitidja, une plaine agricole proche d'Alger. Il est conduit dans la ferme désaffectée d'un colon extrémiste. Six hommes préparent l'exécution. Ils glissent une corde autour du tuyau de chauffage accroché au plafond, font un noeud coulant et installent un tabouret en dessous.
Peu après minuit, le chef FLN est introduit dans la pièce. Larbi Ben M'Hidi commence par refuser le bandeau qu'on lui propose. "C'est un ordre !", lui lance le soldat. "Je suis moi-même colonel de l'ALN (Armée de libération nationale), je sais ce que sont les ordres !", réplique Larbi Ben M'Hidi, prononçant là ses dernières paroles.
Aussaresses précise que lors d'une première tentative, la corde se casse. Mais la deuxième sera la bonne.

"Aucun impact de balles"

Le Monde rapporte également que la version du général Aussaresses est confirmée par un ancien combattant algérien, Mohamed Cherif Moulay, qui s'était rendu à la morgue de Saint-Eugène pour récupérer le corps de son père.
"Un cadavre se trouvait sur une table métallique. (…) Sur l'un de ses gros orteils, il y avait une étiquette accrochée avec un nom : "Ben M'Hidi". J'ai tout de suite reconnu son visage", raconte Mohamed Cherif Moulay au Monde, il "ne saignait pas, ne portait aucun impact de balles, ni traces de sang", mais il avait à la hauteur du cou "une sorte de bleu rougeâtre, comme un oedème".

Source: Le Nouvel Observateur - Mars 2007

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