27 juillet 1950. 13ème étape du Tour de France qui relie Perpignan à Nîmes. La chaleur est caniculaire. Un homme s’est détaché du peloton : Abdel Kader Zaaf, un honnête coureur de l’équipe « France-Algérie ».

Accablé par les 38\% degrés affichés par le thermomètre, le peloton semble apathique. Le brave Abdel n’a plus que cinquante kilomètres à effectuer avant de gagner l’étape. Quand, après la traversée du village de Vendargues et après que des spectateurs lui aient donné un bidon, le nord-africain se met à zigzaguer sur la route. Cent mètres plus loin, il s’effondre contre un platane. Les spectateurs le relèvent. Il se remet en selle mais repart… à contre sens. Avant de s’écrouler à niveau quelques hectomètres plus loin sur le bitume surchauffé. Appelé, le docteur Dumas, médecin officiel du Tour, constate qu’Abdel Kader sent le vin à 10 mètres. « Et ben, Abdel, t’es saoul ? Toi, un musulman ? ».
« Comprends pas toubib, mai pas boire » parvient à peine à articuler Zaaf.
Que s’est-il passé ? Les spectateurs, pour le rafraîchir l’ont-ils arrosé de vin, ce qui n’aurait rien de surprenant dans cette région essentiellement viticole ? Le bidon qu’on lui a tendu contenait-il du pinard ? On ne le saura jamais. Cela fait partie de ces mystères dont le Tour de France a le secret.
Abdel ne remontera pas sur son vélo. Ivre de fatigue et de vapeurs d’alcool, il abandonnera la course. C’est l’un des compatriotes, Molinares, qui va gagner à Nîmes. Personne ne se souvient de lui. En revanche, Abdel Kader Zaaf va ce jour là, et involontairement, entrer dans la légende du Tour.

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