Bien que notre occupation de la partie des États barbaresques qu’on désignait sous la dénomination de « Régence d’Alger, » date déjà de plus d’un demi-siècle, nous ne saurions que fort peu de chose des temps qui l’ont précédée, ...

Bien que notre occupation de la partie des États barbaresques qu’on désignait sous la dénomination de « Régence d’Alger, » date déjà de plus d’un demi-siècle, nous ne saurions que fort peu de chose des temps qui l’ont précédée, des villes d’origine indigène que nous habitons, et des populations que nous y avons trouvées, si quelques rares curieux, quelques ardents et opiniâtres chercheurs ne s’étaient donné la peine de fouiller dans leur passé si obscur, passé qui n’est point écrit, et qu’il faut demander à la mémoire des hommes. Et c’est précisément là que gît la difficulté; car, faire parler un Arabe n’est point une petite affaire, surtout quand cet indigène est doublé d’un lettré, et que son interlocuteur est un Roumi.

Aussi, que ne nous a-t-il point fallu de patience, de ténacité, de persévérance et de haute politique,malgré les excellentes conditions d’interrogateur dans lesquelles nous nous trouvions, pour obtenir des indigènes les renseignements dont nous avions besoin ! Possédant suffisamment la langue arabe parlée et écrite ; appartenant à un corps indigène — le 1er de Tirailleurs algériens — en garnison à Blida; chargé d’une mission d’assez longue durée dans la région montagneuse à laquelle s’adosse la Petite Rose de la Mtidja, mission qui nous a mis en relations avec les populations habiles qui habitent ce massif, ainsi qu’avec les individualités ayant joué un certain rôle dans le pays, soit pendant les dernières années de la domination turke, soit pendant les quinze premières années de la conquête ; des rapports suivis avec des personnages ayant exercé, à Blida, des fonctions de l’ordre politique, administratif ou judiciaire durant ces mêmes périodes, et, particulièrement, avec le dernier de ses hakem et de ses mezouar, ainsi qu’avec les marabouths de la descendance du fondateur de Blida, l’illustre Sidi Ahmed-el-Kbir ; tous ces avantages, nous le répétons, nous plaçaient dans les meilleures conditions pour entreprendre, avec quelque chance de succès, l’oeuvre que nous nous étions donné la tâche d’accomplir, voulant ainsi doter une ville que nous aimons, et une population qui nous a toujours été si sympathique, et au milieu de laquelle nous avons passé quatorze années de notre existence militaire; voulant doter l’une et l’autre, disons-nous, de l’histoire des origines de ce charmant coin de terre où fleurit l’oranger, et dont
un poëte-marabouth a dit, il y a de cela plus de trois cents ans : « On t’a nommée la Petite Ville ; moi, je t’appelle une Petite Rose. »

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